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CRAS/H ton venin

3 décembre 2012

Appel à manifester pour le mariage pour tou-te-s et contre l'homophobie !

Un collectif unitaire d'associations et d'organisations (notamment le Centre LGBT de Nantes, les DurEs à Queer, l'association contact...) appelle à manifester le 15 décembre à Nantes pour l'égalité des droits de toutes et tous et contre l'homophobie et sa recrudescence médiatique et quotidienne actuelle.

D'autre part, cette mobilisation doit être une mobilisation d'ampleur. Après les parades homophobes qui se sont déroulées dans toute la France les 17 et 18 novembre, nous, progressistes, féministes, anti-racistes, défenseurs des droits humains, nous devons affirmer que cette homophobie est inacceptable, que l’égalité doit triompher et que nous en sortirons tous et toutes gagnant-e-s.

 

Voici le communiqué :

 

Pas de compromis avec l’homophobie, l’égalité sans concession!

La proposition de loi sur l’ouverture du mariage pour tous a été l’occasion saisie par les réactionnaires pour occuper l’espace médiatique. Parades homophobes, agression de militantes et de journalistes, un déferlement obscurantiste s’est abattu sur le pays.

L’égalité des droits pour toutes et tous

Il n’est pas acceptable qu’en 2012, un groupe de la population soit exclu d’une citoyenneté pleine et entière du seul fait de sa sexualité. Les revendications d’ouverture du mariage, d’accès à l’adoption, à la procréation médicalement assistée (PMA) et à la présomption de parenté, sont non seulement légitimes mais en réalité ne devraient pas faire débat. L’article 1 de la constitution garantit l’égalité des droits de toutes et tous !

Inférieur au nom de quoi ?

Nous refusons la hiérarchie des individus selon leur sexualité. L’inégalité dans le droit a des conséquences dramatiques au quotidien. Mal être des jeunes gays et des jeunes lesbiennes (taux de suicide 8 à 16 fois plus élevés), rupture familiale, discriminations, agressions, insultes meurtres…

L’inégalité dans le droit décomplexe les homophobes.

Toutes celles et ceux qui se battent pour maintenir les gays et les lesbiennes dans ce statut d’infériorité juridique et sociale sont complices de l’homophobie. Comparaison avec la pédophilie, incitations à la haine (« Les pédés au bûcher »), agressions physiques... Les homophobes sont à l’offensive. Face à leurs attaques, il n’y a aucun compromis possible et le gouvernement doit enfin affirmer que l’égalité de toutEs ne devrait pas être discutée. Nous exigeons l’ouverture du mariage et de l’adoption, l’accès à la PMA et à la présomption de parenté, au nom de l’égalité et des engagements de campagne du Parti Socialiste.

Cette vague sombre est une violence non seulement contre les gays et les lesbiennes, mais aussi contre tous les partisans de l’égalité ! Porteurs de valeurs humanistes, quelle que soit notre sexualité, nous affirmons que cette homophobie est inacceptable, que l’égalité doit triompher et que nous en sortirons tous et toutes gagnant-Es.

Que l’égalité triomphe !

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29 novembre 2012

Résumé de la manif pro-choix du 24 novembre

Samedi 24 novembre, nous avons organisé, avec plusieurs assos, collectifs, syndicats (CNT, LDH, Planning Familial, Espace Simone de Beauvoir, Fédération Anarchiste...), une manifestation pour la défense du droit à l'IVG. Au lieu de faire une contre-manifestation contre SOS tout petits, à chanter les mêmes chansons avec les mêmes gens en face des mêmes flics, nous avons décidé qu'on voulait être un peu plus revendicatif.

Nous sommes donc parti-e-s de la chaussée de la Madeleine, devant l'hôpital mère-enfant (eh oui, c'est dans ce service que se pratiquent les IVG... à côté des femmes enceintes, des nouveaux-nés...), avec une soixantaine de personnes, pour aller vers l'entrée de l'Hôtel-Dieu, où nous nous sommes arrêté-e-s quelques minutes, histoire de differ un peu. Ensuite, nous sommes reparti-e-s (parce que SOS Tout Pourris avait donné rendez-vous à 14h30) vers Commerce. Là, nous nous sommes arrêté-e-s un peu plus longtemps à la croisée des trams. Nous avons donc bloqué la circulation pendant 10-15 minutes, ce qui nous a permis d’interpeller pas mal de monde, même si parler avec des gens en colère parce que le tram avance pas, c'est pas toujours très agréable... Mais la plupart des gen-te-s à qui nous disions que nous étions là pour défendre le droit à l'IVG sont reparti-e-s en disant que c'était important et qu'il fallait qu'on continue ! Bon, évidemment, il y a aussi eu des gens qui nous ont insulté...

Finalement, nous sommes reparti-e-s avec l'idée de se rendre place Royale, là où nous nous réunissons toujours. Mais en passant devant la place Saint-Nicolas et la voyant vide (ni cathos, ni flics !!! enfin, juste un fourgon de la police au lieu de la dizaine habituelle), nous avons décidé d'investir le parvis de l'église à la place des fachos ! Nous y sommes resté-e-s une bonne demi-heure (nous serions sans doute resté plus longtemps s'il n'y avait pas eu une manif pour Gaza à 15h...), ce qui nous a permis de differ pas mal, de discuter et de chanter, faire entendre autre chose que des prières ! Nous avons aussi vu passer des cathos, seuls ou par petits groupes, qui, vu qu'on avait investi le parvis à leur place, hésitaient à venir.

En fait, nous avons appris que SOS Tout Petits a annulé le rassemblement de prière parce que la police ne pouvait pas envoyer assez d'hommes pour entouré la place. D'habitude, les flics sont là dès 10h tout autour de la place ; ils sont au moins une centaine, CRS, BACeux, RG, tous à regarder les contre-manifestants (!) et à filtrer les entrées. Mais ce jour-là, la brigade de CRS de Nantes était sur la ZAD et les autres brigades étaient réservées pour la manif contre l'aéroport qui avait lieu à 16h. Du coup, pour nous, ça a été une victoire, parce que nous n'avions jamais réussi à occuper la place !

Et comme quoi ce qu'on dit est vrai : la police protège les fachos ! Et quand elle n'est pas là, les fachos/cathos/machos se cachent !

22 novembre 2012

Manifestation pour la défense du droit à l'avortement

Samedi 24 novembre, SOS Tout-Petits organise encore une fois une prière devant l'église Saint-Nicolas, à Nantes. D'habitude, une contre-manifestation est organisée, mais pour cette fois, on va faire une manif plus globale avec d'autres assos, collectifs et syndicats, avec un petit parcours. Pour ne pas seulement gueuler contre les cathos qui discutent nos droits, mais aussi pour montrer que ce droit à l'avortement est en danger et que nous ne le lâcherons pas !

Voici le tract :

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Et voici l'affiche pour appeler à la manif :

 

 Documents

 

26 avril 2012

CRAS/H ton venin, le journal - N°1

Depuis hier, le CRAS/H a aussi son journal! Il est composé de plusieurs articles abordant des thèmes qui nous tiennent à cœur et sur lesquels des membres du CRAS/H ont souhaité écrire récemment. Cerrtains de ces articles sont aussi présents sur le blog dans leur version longue. Vous pourrez aussi y trouver les actus du moment, quelques commentaires de livres sympas, des petits jeux et une BD.

Liens vers le journal en PDF :

Journal_part1

Journal_part2

NB: Le journal est en téléchargement/impression/diffusion libres. Son prix est lui aussi libre.

Table des matières :

p.2- Sexisme et violences domestiques au quotidien

p.3- Pourquoi les filles aiment le rose et les garçons le bleu ?

p.4- Le viol c'est quoi ? (BD)

p.5- Le Bingo Macho

p.6- Retour à l'antiquité, questions de sexualité

p.7- Le meilleur contraceptif du monde est pour les hommes

p.8- Actualités

26 avril 2012

« Mais… t’es féministe ? »

« Mais… t’es féministe ? » Effroi, stupeur, moqueries, critiques, questions. Trop souvent, il nous faut justifier notre féminisme. Eh oui, ça paraît louche, aujourd’hui, de défendre la cause des femmes, car beaucoup pensent qu’elle a déjà été gagnée. Les féministes sont donc soupçonné-es de comploter contre les hommes, de vouloir les priver de leur virilité, dans le but d’instaurer une société matriarcale, pour se venger de plusieurs siècles de domination masculine.

Il en va de même lorsque nous militons pour les droits des homosexuel-les, lorsque nous nous opposons à l’hégémonie du modèle hétérosexuel : voilà que nous passons pour de dangereux-ses extrémistes de la cause Gay, voulant imposer une certaine vision de la sexualité et méprisant les hétérosexuel-les (c’est l’hôpital qui se fout de la charité). Et puis, d’ailleurs, s’insurgent les hétéros-bien pensants, de quoi se plaint-on ? Nous sommes en France, la sexualité est libérée, Harvey Milk a fait un carton au cinéma, et la gay pride vient colorer plusieurs villes au mois de Mai !

Alors, à quoi ça sert, saperlipopette, d’être féministe et anti sexiste aujourd’hui,

alors que l’égalité femmes/hommes est garantie par la loi ?

Déjà, ces lois sont-elles véritablement appliquées ? Un simple coup d’œil montre que non. Mais ce n’est pas ce qui nous intéresse vraiment. Si nous sommes féministes, encore aujourd’hui, c’est parce que le sexisme gangrène insidieusement les mœurs, la vie quotidienne, les discours dominants, l’éducation. Qui en sont les principales victimes ? Facile. Ce sont les femmes qui assurent encore la majorité des tâches ménagères. Ce sont elles qui sont pénalisées lorsqu’elles ont des enfants. Ce sont elles encore, qui ne peuvent pas rentrer l’esprit tranquille le soir. Ce ne sont pas elles qui remplissent les écoles les plus prestigieuses, qui occupent les postes les plus valorisés. Ce ne sont pas elles que l’on entend s’exprimer lors de débats, à la fac, au bar, en réunion.

Pour séduire cette « autre moitié de l’humanité », qui représente donc un paquet de bulletins de vote, certains partis politiques (à gauche, majoritairement), promettent la création d’un ministère des droits des femmes, l’ouverture de places en crèche, etc. De quoi satisfaire nos cœurs de féministes ?

Non, nous ne sommes pas dupes et nous ne pensons pas que créer de nouvelles lois suffira à éradiquer le sexisme, tout comme nous ne croyons pas qu’abolir le capitalisme ferait disparaître le patriarcat, comme peuvent le penser certain-es (suivez mon regard, à l’extrême gauche). Sans nier les avancées qu’ont permis certaines mesures, nous ne nous reconnaissons pas dans ces « nouveaux » mouvements féministes, qui soufflent leurs bonnes idées aux candidat-es et qui parlent de parité, de représentativité, de république, d’égalité, de droits.

De plus nous ne pensons pas que le féminisme se résume à demander l’application ou la création de lois. Notre but n’est pas de mettre des femmes à la tête des entreprises ou au parlement. Nous ne nous émanciperons pas grâce aux institutions, aux lois, aux allocations parentales.

Nous nous revendiquons d’un féminisme et d’un anti sexisme radical, basé sur la volonté de construire une autre société et de réinventer les rapports entre individu-es. Nous refusons de hiérarchiser les luttes, et nous croyons que patriarcat, capitalisme, homophobie, racisme, islamophobie, etc, sont liés car ils résultent d’une même logique, celle de la division en classes inégales, celle des rapports de force entre dominant-es et dominé-es.

Pour faire aboutir nos idées, nous n’entrerons pas dans des partis, des ONG, des syndicats. Nous penserons, communiquerons, débattrons, échangerons ensemble. Nous apprendrons à nous défendre. Nous hurlerons contre tous ceux qui voudraient nous la fermer. Nous refuserons de nous conformer à ce que l’on attend de nous.

« Mais… t’es féministe ? » Oui, je suis, nous sommes féministes, et nous entendons bien le rester.

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8 avril 2012

Sexisme et violences domestiques au quotidien

 

Sexisme et violences domestiques au quotidien

 

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On peut définir les violences domestiques comme toute violence vécue dans le cadre de son chez-soi, qu'on vive seul-e, en couple, en famille. Ces violences sont perpétrées par quiconque se croyant autorisé à utiliser la force pour imposer sa volonté, ses désirs. L'enjeu en est donc la domination de l'autre. Dans notre société basée sur la domination masculine, il n'est guère étonnant de constater que ce sont les femmes qui font majoritairement les frais des violences domestiques. Pourrait-on alors simplifier ainsi ? : la violence domestique est la forme individualisée que prend dans chaque maison la domination collective des hommes sur les femmes, voire des adultes sur les enfants. N'oublions pas ces messieurs, qui constituent 5 à 15% des victimes de violences conjugales. Mais attention, la plupart de ceux qui revendiquent haut et fort être martyrisés par leur compagne ne sont en fait que des machos dominateurs aigris face à la résistance de celle-ci à leurs propres violences. Les hommes ne s'autoproclament pas aisément « hommes battus », rapport aux préjugés auxquels ce qualificatif renvoie. Ne négligeons pas non plus les couples homosexuels qui ne sont pas forcément basés, comme le veut le préjugé, sur une division reproduisant les rôles femme/homme dans le couple. Si domination d'un partenaire sur l'autre il y a, nous ne pouvons pas le plaquer sur ce modèle.

C'est pourtant cette société basée sur les rapports dominant-e/dominé-e qui condamne haut et fort, via ses médias, les violences domestiques à coups de statistiques sur le nombre de femmes tuées chaque année par la violence de leur conjoint. Mais il ne s'agit là que de la partie immergée de l'iceberg. Il nous est donné à voir uniquement les violences qui sont inacceptables dans notre société, mais bien d'autres peinent à être reconnues. Prenons simplement l'exemple du viol conjugal. C'est en 1980 que le viol est défini par la loi française, alors que le viol conjugal n'est reconnu que par jurisprudence, suite à un jugement de la Cour de Cassation de juin 1992. Et encore, c'est seulement le principe de soumission d'un partenaire aux désirs de l'autre qui est remis en cause. Au-delà de la loi, la réalité est plus compliquée ! Comment oser dire, et même prouver qu'on n'a pas donné son consentement à un rapport sexuel alors que la société considère encore majoritairement que le consentement est automatique au sein d'un couple ? Et même dans le cas contraire, puisqu'il s'agit d'une affaire de couple, d'une affaire privée, la société ne s'en mêle pas : « ça ne nous regarde pas ». Et peut-on parler d'un viol lorsqu'un homme extorque à sa femme une relation sexuelle, même sans violence physique?

 

Au-delà de ces violences « spectaculaires », il existe des violences quotidiennes, ordinaires, qui dès lors passent inaperçues et sont même considérées comme normales par la société, et même dans certains cas par les victimes. On est alors tentés d'établir une échelle de valeurs des violences, mais qui est juge de leur degré de gravité ? La société, la personne qui exerce les violences ou celle qui les subit ?

En ce qui concerne la société, il est important de différencier l'opinion collective du système judiciaire, bien qu'ils se basent sur une même vision des violences domestiques. Mis à part les violences physiques, les autres formes de violences peinent à être reconnues comme telles. Que ce soit dans les médias ou lors d'une discussion plus privée, on s'accorde toujours pour dire que « frapper sa femme, c'est mal », comme on sera « contre la faim dans le monde » ou « contre la guerre ». On met de jolis mots sur des idées toutes faites pour se donner bonne conscience. Mais on admettra difficilement qu'un-e proche « si gentil-le,... » soit violent-e envers son-sa conjoint-e. Et il nous sera encore plus difficile de le croire si les violences en question ne sont pas physiques. Cet état d'esprit transparaît bien dans l'expression largement répandue de « femme battue ». Imaginons une femme racontant à sa meilleure amie : « mon mec m'a giflé hier ». Ça c'est de la violence. Mais si maintenant elle lui dit : « Mon mec me coupe toujours la parole » ou « Mon mec met toujours le nez dans mes comptes. », l'amie répondra : « T'es bien une meuf, t'es bavarde et dépensière! ». Parce-que c'est naturel, c'est comme ça que ça fonctionne entre femmes et hommes ? Non, cet état des choses est loin d'être naturel, il s'agit des conséquences de la construction inégalitaire de notre société, de la domination des hommes sur les femmes.

Au niveau de la justice, le problème est sensiblement le même. Tout d'abord, ce sont les violences physiques qu'elle reconnaît le plus facilement. On peut en effet les mesurer et en faire des règles immuables. Si on caricature, on arrive à ça : un bleu = 1 mois de prison avec sursis ; une fracture = un mois ferme ? À l'heure actuelle, la justice tente d'intégrer certaines autres violences, ses formes sexuées et psychologiques par exemple, mais comment les mesurer ? Et comment, pour la victime, les prouver ? Et ne parlons pas des violences économiques, qui ne sont même pas reconnues comme telles par notre société !

C'est en écoutant parler les personnes violentes que l'on entrevoit l'étendue de la « gamme » des violences domestiques. Mais attention, il s'agit ici de la parole de ceux-celles qui ont reconnu leur responsabilité dans la violence au lieu de rejeter la faute sur l'autre. Ces personnes définissent comme violence tout acte fait dans le but de garder le contrôle sur l'autre et de lui faire passer le message : « c'est moi qui domine ». La personne violente va donc avoir pour objectif (conscient ou non) de rabaisser l'autre pour confirmer son statut dominant. Le-la dominant-e a pour cela tout un « panel » de violences, dont la violence physique est le summum. On peut identifier deux grandes lignes directrices au sein-même de ces violences. Tout d'abord, la volonté de détruire l'estime de soi de l'autre par divers « moyens » détaillés dans l'encadré ci-contre. Dans un second temps, la domination passe par un contrôle plus ou moins total du quotidien domestique, concernant par exemple la répartition des tâches domestiques, les dépenses du foyer, les échanges et conversations, le temps domestique (heures de coucher/lever/repas) et extérieur (ce qu'on y fait, quand), les décisions professionnelles (choix d'un emploi, d'études, …).

C'est cette relation de domination qui engendre la violence domestique, mais aussi la violence dans la société en général. On peut ainsi repérer dans le sexisme de la société des éléments similaires avec les violences décrites ci-dessus : dévalorisation du travail domestique, difficulté des femmes à se faire entendre dans une conversation, autonomie financière réduite (travail à temps partiel, femme au foyer), … Ce modèle de contrôle des hommes sur les femmes suinte par toutes les pores de notre société patriarcale. Mais on va alors nous répondre que si cet état de fait est si largement répandu, c'est bien la preuve qu'il est naturel ! C'est un classique d'entendre les dominants justifier leur position par la « nature », nous avons tous en tête des exemples de théories raciales du siècle dernier, basées sur des études « scientifiques »... Dès qu'un système social met en place une domination d'un groupe d'individus sur un autre, il engendre la violence des plus puissants pour appuyer leur statut. On peut donc établir clairement un lien entre la violence domestique et les comportements sexistes.

Mais qu'en est-il du côté des personnes qui subissent la violence ? On a trop souvent tendance à vouloir parler, décider, agir à la place des « victimes », car en tant que telles, elles deviennent des êtres mineurs que la société a le devoir moral de prendre en charge. Cela est fortement lié à nos préjugés sur les violences domestiques et les « femmes battues ». Il nous vient systématiquement en tête l'image de la victime-type : une femme « normale » (s'occupe de la maison, des enfants, travaille peut-être à l'extérieur) qui est douce et aimante, pas très forte physiquement , ce qui l'empêche de se défendre lorsque son mari (baraqué, tendance à la picole) veut lui taper dessus. Mais ce stéréotype ne cadre largement pas à la réalité des tous les couples hétérosexuels, et encore moins à celle des couples homosexuels.

Du côté des femmes victimes de violences, l'impact de cette image-type a de fortes conséquences. Ainsi, une femme qui a voulu se défendre ou riposter face à son-sa conjoint-e violent-e ne va pas oser le dire ou va jusqu'à s'accuser d'être la personne violente du couple (toujours mieux que d'être victimisée...). Et lorsque ces femmes s'expriment sur les violences qu'elles ont subi ou subissent encore, elles s'efforcent inconsciemment de coller au modèle de « femme battue » que leur impose la société, peut-être par peur de ne pas être acceptées comme telles si leur version diffère. Il en va de même dans le cas des hommes victimes de violences. Dans notre société patriarcale où les hommes dominent, il est inconcevable que l'un d'entre eux aie perdu le contrôle sur son foyer, donc sa place de dominant. D'ailleurs, par exemple, comment un homme n'aurait-il pas eu la force d'empêcher une femme de le frapper ? Ce n'est donc pas un « vrai mec » ? Il est en tout cas intéressant de signaler que ce qui lie ces hommes victimes, c'est leur « manque » de volonté de dominer l'autre, que ce soit par refus du machisme, de l'armée, … Vu qu'ils ne collent plus à l'image de l'homme dominateur, serait-ce donc de leur faute qu'ils subissent des violences ? Certains iraient même jusqu'à les accuser de ne pas avoir frappé les premiers.

Par ailleurs, les violences domestiques décrites par les femmes comme par les hommes se cantonnent généralement aux violences physiques. Cela semble contradictoire avec les témoignages des personnes violentes. Cet écart est grandement lié à la société dans laquelle nous vivons, et par laquelle nous avons été conditionné-e-s dès le plus jeune âge. Puisque les seules violences reconnues sont physiques, comment identifier d'autres violences, et comment les dénoncer ? La difficulté de reconnaître les violences qu'on subit est aussi liée à la victimisation des femmes et hommes battu-e-s. Comment admettre qu'on est faible et impuissant-e et que la personne qu'on aime et qui nous aime nous domine ? Il est alors plus facile de se dire que les violences de l'autre n'étaient pas volontaires : fatigue, stress, alcool, … ne sont pourtant pas des excuses. Les personnes victimes réagissent donc face aux violences à travers le prisme de ce que la société leur a enseigné. Ainsi, certaines violences sont jugées intolérables, comme frapper une femme enceinte, alors qu'être privé-e de carte bleue ou de chéquier par son-sa conjoint-e ne passe pas pour une violence. Notre degré de tolérance aux violences est donc en grande partie conditionné par la société dans laquelle nous vivons. Il est cependant nuancé selon le caractère, le vécu de chacun-e.

Il semble donc important de dénoncer haut et fort les violences domestiques sous toutes leurs formes pour faire prendre conscience de leur gravité à chacun-e. Cette vigilance nous concerne tous-tes, pour ne pas nous rendre coupables de violences envers nos proches, et pour être capables de leur dire « arrête » lorsque cela est nécessaire. Mais les violences domestiques n'étant qu'une facette de la domination masculine sur la société en général, il est nécessaire de combattre le sexisme dans son intégralité pour faire reculer les violences. Cela inclut aussi bien la discrimination à l'embauche que les petites blagues sexistes en soirées.


Pour aller plus loin :

MONNET Corinne - La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation. (brochure disponible sur http://www.infokiosques.net)

WELZER-LANG Daniel - Arrête ! Tu me fais mal ! La violence domestique en 60 questions et 59 réponses... Petite bibliothèque Payot, 2005, Dijon-Quetigny. (livre disponible à la médiathèque Jacques Demy, Nantes)

ZEILINGER Irene - NON C'EST NON, petit manuel à l'usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire. (brochure disponible sur http://www.infokiosques.net)

31 mars 2012

Pourquoi une réunion non-mixte ?

Pourquoi une réunion non-mixte ?

C'est un besoin et même une nécessité.
Pour les femmes, cela veut dire se retrouver pour parler et dénoncer des situations d'oppression, s'écouter, s'organiser et lutter. Non pas contre les hommes, mais pour les femmes. Parce que ça peut être gênant de parler devant celui qui a eu un comportement sexiste, envers moi ou envers d'autres. Parce que c'est difficile d'être sûre que les mecs comprennent nos ressentis, nos sentiments, nos doutes, nos peurs. Parce que parler avec d'autres femmes qui subissent des agressions (verbales et physiques), c'est se retrouver entre personnes qui vivent une situation similaire. C'est se dire qu'on n'est pas un cas isolé, mais que ça nous arrive à toutes.
Et que si ces situations se répètent et sont fréquentes, ce n'est pas normal.


Une phrase qui a choqué :

"On connait toutes des violeurs, mais on ne dit pas qui c'est et ça les protège"

Ce n'est en aucun cas un jugement de valeur sur des femmes qui ne dénoncent pas un agresseur (verbalement ou auprès de la police). C'est un constat que, lorsqu'on est victime, on n'ose pas dénoncer son agresseur. Le dénoncer, ça revient à le défier aussi socialement, notamment dans le milieu militant où quasi toutes les personnes se connaissent. Mais ça revient aussi à dire "moi j'ai été agressée" ou "moi j'ai été violée".
C'est souvent trop dur de le dire et d'affronter les autres et ce qu'ils vont penser.
Oui nous connaissons toutes des violeurs. Ce n'est pas parce qu'on nous l'a pas dit qu'on ne les fréquentent pas.
Non tous les hommes ne sont pas des violeurs, c'est une mauvaise lecture de la phrase qui la verrait comme une agression envers les hommes.
En fait, c'est une phrase d'ouverture vers toutes celles qui ont subi une agression. Dans cette réunion non-mixte, le but est de créer un climat de confiance, de confidentialité, de soutien, de solidarité.



Prendre position pour une réunion non-mixte, c'est faire bouger les lignes :

La société patriarcale a créé deux genres distincts selon le sexe. Un genre est éduqué et formé pour être dominant, tandis que l'autre est éduqué à être dominé.
Nous avons tous et toutes notre libre arbitre, mais se défaire des comportements machistes ou sexistes ne se fait pas en une seule réunion, c'est un travail long.
Il faut savoir analyser et réagir face à ces comportements. Mais avant tout, il faut savoir les dire. C'est pour cela que sont créent les réunions non-mixtes, Hommes ou Femmes, Gens et/ou Gentes de Couleurs, Homo, Trans et bien d'autres.
Dire oui à une réunion non-mixte, c'est soutenir et faire avancer la lutte féministe. Car les réunions mixtes, elles, n'ont pas besoin de soutien.

26 mars 2012

Homosexualité moderne et antique


Retour à l'antiquité, questions de sexualité, hétérosexualité, homosexualité et bisexualité

 

Quoi qu'on dise et malgré toute la liberté sexuelle dont nous bénéficions semble-t-il aujourd'hui, reste que la société française et occidentale moderne dans son ensemble, est encore incroyablement marquée par l'hétéro-normativité, c'est à dire l'hégémonie de l'hétérosexualité, élevée de manière quasi-naturelle, sur l'homosexualité ou la bisexualité, comme forme de sexualité normale et donc souhaitable. De ce fait, il n'est absolument pas surprenant de constater que l'homosexualité et la bisexualité sont frappés de nombreux stéréotypes et de nombreuses discriminations.

En bloc, que retrouvons nous ? Que l'homosexualité serait un narcissisme, un repli sur soi, une forme de solipsisme, une manifestation d'immaturité passagère (elle touche les jeunes qui une fois vraiment adultes rentrent dans le rang), une voie sans-issue (puisque non procréatrice). Et enfin, argument menaçant ici la tolérance même envers les homosexuels : « toutes les civilisations ayant acceptées l'homosexualité ont connues la décadence ou l'était à la base » - à dire avec le ton le plus péremptoire possible ! Difficile ici de ne pas voir dans ces accusations, la civilisation gréco-romaine, licencieuse base de notre civilisation occidentale. Prêchant pour ma paroisse, je vois ici un réflexe de bon chrétien, pas vraiment l'avis d'un esthète de la sexualité antique... Mais relativisons, de cette question de normativité, qu'on a dire les antiques ?

Il convient d'abord de souligner que dans la société gréco-romaine en général, les notions d'hétérosexualité, homosexualité ou bisexualité n'ont que peu de sens, la réflexion se fait sur un autre schéma, reliant genre et société, dans une opposition entre activité et passivité. Pour faire simple, le citoyen (homme et actif) pénètre et n'est jamais pénétré. Il est l'élément actif par excellence, au haut de la pyramide sociale. L'élément actif ne peut de fait n'être que masculin, le passif des deux sexes. C'est l'opposition actif / passif qui compose la sexualité, ainsi le lesbianisme est un mirage et ne saurait être considéré comme une sexualité, tout comme en fait tout sexualité sans pénétration. Notons que cette idée a encore de beaux jours devant elle, dans nos sociétés ou le rapport sexuel est encore très prisonnier de la pénétration et ou le lesbianisme est souvent considéré comme une « sexualité incomplète » (ce qui permet d'aboutir à de nombreux florilèges sexistes du niveau de « féministes lesbiennes mal-baisées » par exemple).

Si la sexualité vue par les anciens reposait sur un autre système de pensée, elle n'était certainement pas exsangue de sexisme et de machisme. On pourra complexifier encore en ajoutant la tendance des Grecs de certaines cités à la pédérastie (qui n'était certes pas toujours à dimension sexuelle), au « compagnonnage viril » à la Thébaine, au problème des Romains vis à vis de la nudité intégrale chez les citoyens (vu comme une faiblesse), au dénigrement parmi certains Grecs de l'homosexualité dans la même classe d'âge, etc. La sexualité antique reste fortement hiérarchisée. Cette volonté d'amener la supériorité de l'actif sur le passif, notion au combien suggestive, sensément basée sur des critères « de nature », vise surtout à centrer toute sexualité sur l'homme comme élément dynamique, moteur et au centre de l'acte. Si le partenaire passif peut être de différentes natures (esclaves, épouses, courtisanes, mignon, etc.), le partenaire actif, le seul qui compte donc au final, c'est bien l'homme.

Ce que le Christianisme a changé à cette vieille histoire, certes pas hétéro-normative, mais andro-centrée, c'est de mettre fin à la diversité sexuelle de l'Antiquité et de placer la procréation comme but de l'acte sexuel. Enlevées donc du spectre des possibles, homosexualité et bisexualité, mais non pas la place de l'homme comme grand ordonnateur. Car ce qu'on retenu semble-t-il les chrétiens des Grecs, c'est que « l'homme procrée, la femme enfante ». La sexualité procréatrice n'écarte point l'homme comme principal acteur puisqu'il reste encore le moteur de l'acte, la femme n'étant là, pour ainsi dire que pour subir encore, la volonté de l'homme. Espérons que de nos jours, où nous avons en d'une certaine manière retrouvé la liberté sexuelle du passé, celle-ci cesse de toujours ne servir que les mêmes !

 

Lorsque les femmes s'aiment, les hommes ne récoltent pas.

10 mars 2012

Contre-manif contre "SOS tout petits"

Le samedi 10 mars 2012, face aux catho-fachos venus prier contre 'le crime de l'avortement" (sic.), le CRAS/H était au rendez-vous pour défendre la contraception (libre et gratuite) et l'avortement (libre et gratuit aussi)!

Voir les photos ici

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8 mars 2012

Le 8 mars, on fête les femmes...

 

Le 8 Mars, on fête les femmes…

 

Le bal des hypocrites

Le 8 Mars, il est de bon ton de se dire féministe, ou au moins pro-égalité hommes/femmes. Nos chers dirigeants, ministres, sénateurs, maires rappelleront, grandiloquents, la merveilleuse épopée des droits des femmes : le vote en 1944, l’avortement en 1975, la loi sur la parité en 2000… Malheureusement, peu de femmes seront là pour l’entendre, car au sein du pouvoir, on préfère rester entre hommes. Le vote pour élire des mecs, d’accord, l’avortement pour pouvoir baiser tranquille, très bien. Mais le pouvoir ? Non, ça c’est un truc d’hommes…

Dans la presse féminine, on pourra lire des éditos enflammés rendant hommage à nos grands-mères, si courageuses, qui ont brûlé leurs soutifs pour que l’on puisse disposer de notre corps librement… mais quelques pages plus tard, surprise, des conseils pour maigrir/se maquiller/s’occuper de sa petite famille tout en étant DRH/faire plaisir à son homme… Etre une femme libérée, oui, mais alors une femme, une vraie, qui aime la mode et les cupcakes !

Bref, le 8 Mars, c’est le bal des hypocrites, tout le monde s’accorde à dire que la femme est l’égale de l’homme, tout en pensant (très fort) qu’elle doit quand même rester à sa place.

 

Le féminisme au pays de Candy

Le 8 Mars, c’est aussi l’occasion de faire du féminisme bien-pensant. On sort les statistiques sur les tâches ménagères (3h52 par jour pour elles, 2h24 pour eux), quelques chiffres sur les violences conjugales. Rien de très subversif donc. On se rappelle avec nostalgie le mouvement féministe des années 70, comme on se souvient le 14 Juillet de la prise de la bastille : c’était bien, mais maintenant c’est bon, la lutte est terminée, le combat a été gagné, puisque c’est dans la loi ! C’est ça, le féminisme ? Quémander à la classe dirigeante des droits ?

Ah, sans oublier les innombrables portraits de la femme moderne qui réussit si bien à concilier son travail (à temps partiel, mais dans lequel elle s’épanouit) avec l’éducation de ses enfants et sa vie amoureuse. Ou encore, la femme conquérante : elle est chef d’entreprise/ ministre/ avocate. Elle commande, comme un homme, et à son tour elle devient l’oppresseur ; pas grâce à son sexe mais grâce au capitalisme et à la méritocratie. En écrasant les autres, elle a réussi à rejoindre le monde des chefs, dont les portes restaient fermées aux femmes jusqu’il y a peu. C’est ça, le féminisme ? Remplacer une oppression par une autre ?

 

Nous emmerdons la journée de la femme

Parce que déjà, nous ne sommes pas la femme mais des femmes : des petites, grandes, homos, hétéros, bis, trans,  en jupe, en pantalon, à lunettes, sans enfants, avec enfants…

Parce qu’ensuite, pour nous, le féminisme ne se résume pas à demander la création de lois, ni à espérer que les hommes nous laissent une petite place dans leurs institutions. Le féminisme est une lutte globale, de tous les jours, contre les fondements même de la société. Le féminisme nous paraît indissociable de l’anti sexisme, car tant qu’hommes et femmes seront divisés, classés, mis en opposition, les inégalités perdureront. Le féminisme, même s’il ne doit pas renier les combats de nos aïeules, doit être pensé, réinventé, car la société a changé.

Comme l’écrivent Isabelle Stengers et Vinciane Despret, «  ne jamais oublier que ce monde oblige à lutter, que rien n’y est « normal », et ne jamais arrêter de penser ensemble, de cultiver l’insoumission, y compris à nos propres évidences, les unes avec les autres, par les autres et grâce aux autres, n’est-ce pas d’ailleurs le sens même de cette aventure sans cesse à reprendre qu’est le féminisme ? »

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