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CRAS/H ton venin
8 mars 2012

Le 8 mars, on fête les femmes...

 

Le 8 Mars, on fête les femmes…

 

Le bal des hypocrites

Le 8 Mars, il est de bon ton de se dire féministe, ou au moins pro-égalité hommes/femmes. Nos chers dirigeants, ministres, sénateurs, maires rappelleront, grandiloquents, la merveilleuse épopée des droits des femmes : le vote en 1944, l’avortement en 1975, la loi sur la parité en 2000… Malheureusement, peu de femmes seront là pour l’entendre, car au sein du pouvoir, on préfère rester entre hommes. Le vote pour élire des mecs, d’accord, l’avortement pour pouvoir baiser tranquille, très bien. Mais le pouvoir ? Non, ça c’est un truc d’hommes…

Dans la presse féminine, on pourra lire des éditos enflammés rendant hommage à nos grands-mères, si courageuses, qui ont brûlé leurs soutifs pour que l’on puisse disposer de notre corps librement… mais quelques pages plus tard, surprise, des conseils pour maigrir/se maquiller/s’occuper de sa petite famille tout en étant DRH/faire plaisir à son homme… Etre une femme libérée, oui, mais alors une femme, une vraie, qui aime la mode et les cupcakes !

Bref, le 8 Mars, c’est le bal des hypocrites, tout le monde s’accorde à dire que la femme est l’égale de l’homme, tout en pensant (très fort) qu’elle doit quand même rester à sa place.

 

Le féminisme au pays de Candy

Le 8 Mars, c’est aussi l’occasion de faire du féminisme bien-pensant. On sort les statistiques sur les tâches ménagères (3h52 par jour pour elles, 2h24 pour eux), quelques chiffres sur les violences conjugales. Rien de très subversif donc. On se rappelle avec nostalgie le mouvement féministe des années 70, comme on se souvient le 14 Juillet de la prise de la bastille : c’était bien, mais maintenant c’est bon, la lutte est terminée, le combat a été gagné, puisque c’est dans la loi ! C’est ça, le féminisme ? Quémander à la classe dirigeante des droits ?

Ah, sans oublier les innombrables portraits de la femme moderne qui réussit si bien à concilier son travail (à temps partiel, mais dans lequel elle s’épanouit) avec l’éducation de ses enfants et sa vie amoureuse. Ou encore, la femme conquérante : elle est chef d’entreprise/ ministre/ avocate. Elle commande, comme un homme, et à son tour elle devient l’oppresseur ; pas grâce à son sexe mais grâce au capitalisme et à la méritocratie. En écrasant les autres, elle a réussi à rejoindre le monde des chefs, dont les portes restaient fermées aux femmes jusqu’il y a peu. C’est ça, le féminisme ? Remplacer une oppression par une autre ?

 

Nous emmerdons la journée de la femme

Parce que déjà, nous ne sommes pas la femme mais des femmes : des petites, grandes, homos, hétéros, bis, trans,  en jupe, en pantalon, à lunettes, sans enfants, avec enfants…

Parce qu’ensuite, pour nous, le féminisme ne se résume pas à demander la création de lois, ni à espérer que les hommes nous laissent une petite place dans leurs institutions. Le féminisme est une lutte globale, de tous les jours, contre les fondements même de la société. Le féminisme nous paraît indissociable de l’anti sexisme, car tant qu’hommes et femmes seront divisés, classés, mis en opposition, les inégalités perdureront. Le féminisme, même s’il ne doit pas renier les combats de nos aïeules, doit être pensé, réinventé, car la société a changé.

Comme l’écrivent Isabelle Stengers et Vinciane Despret, «  ne jamais oublier que ce monde oblige à lutter, que rien n’y est « normal », et ne jamais arrêter de penser ensemble, de cultiver l’insoumission, y compris à nos propres évidences, les unes avec les autres, par les autres et grâce aux autres, n’est-ce pas d’ailleurs le sens même de cette aventure sans cesse à reprendre qu’est le féminisme ? »

 F_minisme

bingo_macho


   fight_sexism

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