Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CRAS/H ton venin
26 mars 2012

Homosexualité moderne et antique


Retour à l'antiquité, questions de sexualité, hétérosexualité, homosexualité et bisexualité

 

Quoi qu'on dise et malgré toute la liberté sexuelle dont nous bénéficions semble-t-il aujourd'hui, reste que la société française et occidentale moderne dans son ensemble, est encore incroyablement marquée par l'hétéro-normativité, c'est à dire l'hégémonie de l'hétérosexualité, élevée de manière quasi-naturelle, sur l'homosexualité ou la bisexualité, comme forme de sexualité normale et donc souhaitable. De ce fait, il n'est absolument pas surprenant de constater que l'homosexualité et la bisexualité sont frappés de nombreux stéréotypes et de nombreuses discriminations.

En bloc, que retrouvons nous ? Que l'homosexualité serait un narcissisme, un repli sur soi, une forme de solipsisme, une manifestation d'immaturité passagère (elle touche les jeunes qui une fois vraiment adultes rentrent dans le rang), une voie sans-issue (puisque non procréatrice). Et enfin, argument menaçant ici la tolérance même envers les homosexuels : « toutes les civilisations ayant acceptées l'homosexualité ont connues la décadence ou l'était à la base » - à dire avec le ton le plus péremptoire possible ! Difficile ici de ne pas voir dans ces accusations, la civilisation gréco-romaine, licencieuse base de notre civilisation occidentale. Prêchant pour ma paroisse, je vois ici un réflexe de bon chrétien, pas vraiment l'avis d'un esthète de la sexualité antique... Mais relativisons, de cette question de normativité, qu'on a dire les antiques ?

Il convient d'abord de souligner que dans la société gréco-romaine en général, les notions d'hétérosexualité, homosexualité ou bisexualité n'ont que peu de sens, la réflexion se fait sur un autre schéma, reliant genre et société, dans une opposition entre activité et passivité. Pour faire simple, le citoyen (homme et actif) pénètre et n'est jamais pénétré. Il est l'élément actif par excellence, au haut de la pyramide sociale. L'élément actif ne peut de fait n'être que masculin, le passif des deux sexes. C'est l'opposition actif / passif qui compose la sexualité, ainsi le lesbianisme est un mirage et ne saurait être considéré comme une sexualité, tout comme en fait tout sexualité sans pénétration. Notons que cette idée a encore de beaux jours devant elle, dans nos sociétés ou le rapport sexuel est encore très prisonnier de la pénétration et ou le lesbianisme est souvent considéré comme une « sexualité incomplète » (ce qui permet d'aboutir à de nombreux florilèges sexistes du niveau de « féministes lesbiennes mal-baisées » par exemple).

Si la sexualité vue par les anciens reposait sur un autre système de pensée, elle n'était certainement pas exsangue de sexisme et de machisme. On pourra complexifier encore en ajoutant la tendance des Grecs de certaines cités à la pédérastie (qui n'était certes pas toujours à dimension sexuelle), au « compagnonnage viril » à la Thébaine, au problème des Romains vis à vis de la nudité intégrale chez les citoyens (vu comme une faiblesse), au dénigrement parmi certains Grecs de l'homosexualité dans la même classe d'âge, etc. La sexualité antique reste fortement hiérarchisée. Cette volonté d'amener la supériorité de l'actif sur le passif, notion au combien suggestive, sensément basée sur des critères « de nature », vise surtout à centrer toute sexualité sur l'homme comme élément dynamique, moteur et au centre de l'acte. Si le partenaire passif peut être de différentes natures (esclaves, épouses, courtisanes, mignon, etc.), le partenaire actif, le seul qui compte donc au final, c'est bien l'homme.

Ce que le Christianisme a changé à cette vieille histoire, certes pas hétéro-normative, mais andro-centrée, c'est de mettre fin à la diversité sexuelle de l'Antiquité et de placer la procréation comme but de l'acte sexuel. Enlevées donc du spectre des possibles, homosexualité et bisexualité, mais non pas la place de l'homme comme grand ordonnateur. Car ce qu'on retenu semble-t-il les chrétiens des Grecs, c'est que « l'homme procrée, la femme enfante ». La sexualité procréatrice n'écarte point l'homme comme principal acteur puisqu'il reste encore le moteur de l'acte, la femme n'étant là, pour ainsi dire que pour subir encore, la volonté de l'homme. Espérons que de nos jours, où nous avons en d'une certaine manière retrouvé la liberté sexuelle du passé, celle-ci cesse de toujours ne servir que les mêmes !

 

Lorsque les femmes s'aiment, les hommes ne récoltent pas.

Publicité
Publicité
Commentaires
CRAS/H ton venin
Publicité
Archives
Publicité