Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CRAS/H ton venin
26 avril 2012

« Mais… t’es féministe ? »

« Mais… t’es féministe ? » Effroi, stupeur, moqueries, critiques, questions. Trop souvent, il nous faut justifier notre féminisme. Eh oui, ça paraît louche, aujourd’hui, de défendre la cause des femmes, car beaucoup pensent qu’elle a déjà été gagnée. Les féministes sont donc soupçonné-es de comploter contre les hommes, de vouloir les priver de leur virilité, dans le but d’instaurer une société matriarcale, pour se venger de plusieurs siècles de domination masculine.

Il en va de même lorsque nous militons pour les droits des homosexuel-les, lorsque nous nous opposons à l’hégémonie du modèle hétérosexuel : voilà que nous passons pour de dangereux-ses extrémistes de la cause Gay, voulant imposer une certaine vision de la sexualité et méprisant les hétérosexuel-les (c’est l’hôpital qui se fout de la charité). Et puis, d’ailleurs, s’insurgent les hétéros-bien pensants, de quoi se plaint-on ? Nous sommes en France, la sexualité est libérée, Harvey Milk a fait un carton au cinéma, et la gay pride vient colorer plusieurs villes au mois de Mai !

Alors, à quoi ça sert, saperlipopette, d’être féministe et anti sexiste aujourd’hui,

alors que l’égalité femmes/hommes est garantie par la loi ?

Déjà, ces lois sont-elles véritablement appliquées ? Un simple coup d’œil montre que non. Mais ce n’est pas ce qui nous intéresse vraiment. Si nous sommes féministes, encore aujourd’hui, c’est parce que le sexisme gangrène insidieusement les mœurs, la vie quotidienne, les discours dominants, l’éducation. Qui en sont les principales victimes ? Facile. Ce sont les femmes qui assurent encore la majorité des tâches ménagères. Ce sont elles qui sont pénalisées lorsqu’elles ont des enfants. Ce sont elles encore, qui ne peuvent pas rentrer l’esprit tranquille le soir. Ce ne sont pas elles qui remplissent les écoles les plus prestigieuses, qui occupent les postes les plus valorisés. Ce ne sont pas elles que l’on entend s’exprimer lors de débats, à la fac, au bar, en réunion.

Pour séduire cette « autre moitié de l’humanité », qui représente donc un paquet de bulletins de vote, certains partis politiques (à gauche, majoritairement), promettent la création d’un ministère des droits des femmes, l’ouverture de places en crèche, etc. De quoi satisfaire nos cœurs de féministes ?

Non, nous ne sommes pas dupes et nous ne pensons pas que créer de nouvelles lois suffira à éradiquer le sexisme, tout comme nous ne croyons pas qu’abolir le capitalisme ferait disparaître le patriarcat, comme peuvent le penser certain-es (suivez mon regard, à l’extrême gauche). Sans nier les avancées qu’ont permis certaines mesures, nous ne nous reconnaissons pas dans ces « nouveaux » mouvements féministes, qui soufflent leurs bonnes idées aux candidat-es et qui parlent de parité, de représentativité, de république, d’égalité, de droits.

De plus nous ne pensons pas que le féminisme se résume à demander l’application ou la création de lois. Notre but n’est pas de mettre des femmes à la tête des entreprises ou au parlement. Nous ne nous émanciperons pas grâce aux institutions, aux lois, aux allocations parentales.

Nous nous revendiquons d’un féminisme et d’un anti sexisme radical, basé sur la volonté de construire une autre société et de réinventer les rapports entre individu-es. Nous refusons de hiérarchiser les luttes, et nous croyons que patriarcat, capitalisme, homophobie, racisme, islamophobie, etc, sont liés car ils résultent d’une même logique, celle de la division en classes inégales, celle des rapports de force entre dominant-es et dominé-es.

Pour faire aboutir nos idées, nous n’entrerons pas dans des partis, des ONG, des syndicats. Nous penserons, communiquerons, débattrons, échangerons ensemble. Nous apprendrons à nous défendre. Nous hurlerons contre tous ceux qui voudraient nous la fermer. Nous refuserons de nous conformer à ce que l’on attend de nous.

« Mais… t’es féministe ? » Oui, je suis, nous sommes féministes, et nous entendons bien le rester.

Publicité
Publicité
Commentaires
CRAS/H ton venin
Publicité
Archives
Publicité